UN CERTAIN CINEMA

Lost Highway, de David Lynch (1997)

Lost Highway c’est une fausse paranoïa, Lost Highway terrifie car c’est la découverte absolue de notre propre réalité bâtit sur des choses que personne ne devrait vraiment savoir.

Fred Madison est musicien de Jazz, son art est une manière de fuir la réalité, une réalité qui est pour lui insupportable à imaginer, il est incapable de réaliser que sa vie a été construite sur un mensonge, que sa réussite s’est faite par un pacte avec le diable (d’avoir donc pactiser avec son bourreau à l’origine de ses souffrances).

Certains éléments étranges apparaissent, un homme mystérieux, une méfiance envers sa femme Renée dont certains comportements le ramène à quelque chose de sombre, une douleur inexplicable, plusieurs choses s’assemblent mais son flou grandit de plus en plus (magistrale scène avec les policiers, une méfiance évidente, la paranoïa d’être puni de son mal jusque là inoffensif et flou ), il sombre peu à peu dans une folie lente, par souffrance et déni de réalité il va donc commettre l’acte impardonnable, le Crime de sa Bien aimée.

Après ce drame il va renaître et se métamorphoser d’une manière nouvelle (dans un autre corps), mais cette renaissance a un prix, il sera lui même devenu un bourreau, « Mystery man » est simplement sa part d’obscurité, son lui maléfique, celui qui habite chaque être humain.

Un long chemin de croix infernal et terrifiant commence durant sa nouvelle réincarnation en son jeune « lui » immature (qui évolue dans un milieu ultra patriarcal ; le parrain de la pègre, sa famille), mais qui est d’une nécessité absolue quand à la possibilité de comprendre enfin la vérité. Durant cette réincarnation Fred tombe donc sous le charme de Renée, manipulatrice narcissique et séductrice hors pair, Fred Madison sera son objet (la couleur de cheveux, le clivage brune/blonde, marque de fabrique du cinéma de Lynch), comme de son milieu social.

Cette partie du film est magnifique car elle est une compilation de moments clés de sa vie revu par lui même, enfin conscient du mensonge dans lequel il a baigné, il tue ses bourreaux un par un seulement dans le fantasme d’une revisite idéale d’un passé lointain qui est définitivement terminé.

Il est trop tard pour revenir en arrière, cette longue route interminable c’est l’espoir d’une nouvelle vie, où sur le chemin divers moments de sa vie se présente, une liste interminable de choses à réparer, détruire, déconstruire, pour enfin s’émanciper.

Sa vie n’aura jamais changé, construite seulement sur le mensonge. Quand il commet le Crime de son bourreau, il comprend enfin que sa vie a été un leurre, mais il est trop tard, il a échoué il est devenu un monstre à son tour, jusqu’au crash de voiture final comme seule porte de sortie, car la longue route est sans fin, aucune rédemption réelle possible, mais seulement spirituel, donc la mort comme point final à la découverte de soi.

Une réalité alternative comme moyen de raconter notre aveuglement quotidien, Lynch met en scène la recherche de la Vérité, inévitablement par la recherche de soi, dans une forme de cauchemar absolue, car c’est là que toute vérité se joue, une déconstruction de tous nos repères, des étapes comme des poupées russes qu’on enlève jusqu’à ce qu’on soit nu de tout, pour la réincarnation ultime, enfin, en soi même. Pour en arriver là Lynch nous dit que le meurtre symbolique ou/et réel de nos démons est inévitable, mais qu’il faut en payer le prix. Lynch c’est le cinéma de toutes nos peurs humaines, comme des cauchemars éveillées et incompréhensibles (au premier abord).

Lynch c’est le type qui te ramène dans tes rêves et cauchemars incompréhensibles, car c’est la où tout se joue. 

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